Jusqu'au XVIIIème siècle, dans la vallée de la Marne, au centre du département, le village de Froncles vécut sans bruit côte à côte avec le village de Buxières à l’ombre du château seigneurial. Qu'y avait-il d'écrit jusqu'alors sur ces lieux ignorés de la vallée ? Rien qui puisse leur donner une existence dans la Grande Histoire. Au Siècle des Lumières pourtant, on commença d'y vivre et travailler sous une identité propre, celle que lui donna l'activité métallurgique particulière quasiment ininterrompue jusqu'en 1990, de la fabrication de la tôle.
C'est entre 1754 et 1757 que la petite forge du comte de la Vallée de Rarécourt de Pimodan a commencé à battre le fer. A maintes reprises après la Révolution, elle aurait pu disparaître, elle survécut pourtant, petitement, jusqu'en 1858 date à laquelle elle se transforme en forge anglaise. Durant les deux siècles et demi qui suivirent, la forge caractérisée par la fabrication de la tôle, et les deux villages de Froncles et Buxières, ont cheminé ensemble, indispensables l'un à l'autre. Afin que cette histoire qui est celle des propriétaires successifs, des ouvriers et des transformations techniques, ne tombe dans l'oubli, qu'elle parle à ceux qui s'y retrouveront, et qu'elle laisse des traces vives pour les générations futures, l'auteure entreprend de remonter le temps en deux ouvrages depuis les origines jusqu'à la fin du XXème siècle.
En ce jour de décembre 2013 où j'écris ces lignes, la forge s'accroche à la vie. Son histoire se perpétue on pourrait dire contre vents et marées, ouverte sur l'Europe.